Les fêtes arrivent à leur terme, les porte-monnaie sont allégés et les ventres bien remplis, le moment paraît optimal pour faire un petit retour sur nos habitudes de consommation. Notre mission : apprendre de nos réactions face à un produit (packaging) ou à un support de communication (pub, flyer, affiche…) pour en maîtriser les codes.
Cela peut paraître intimidant, mais il s'agit tout simplement de se poser quelques questions lorsque l'on ressent une envie frénétique d'acheter — ou au contraire un dégoût et un désintérêt marqués — pour interroger les codes visuels et les valeurs d'un produit. Une anecdote personnelle toute simple : ma réaction face à une marque de glaces arrivée sur le marché il y a quelques années. J'avais déjà ouvert le bac réfrigéré quand je me suis rendue à l'évidence : l'identité visuelle de la marque et le packaging m'avaient touchée en plein coeur en multipliant les appels du pied (couleurs vives, lettres dodues, humour décontracté et familiarité assumée, pour n'en citer que quelques uns). L'occasion pour moi, en somme, de prendre des notes sur les meilleures façons de communiquer auprès d'un public proche de ma catégorie, et de vérifier si j'avais effectivement envie du produit ou si je m'étais juste laissée séduire.*
Interroger ses habitudes de consommation, à quoi cela sert, alors que l'on a déjà tant à penser au quotidien ? Au delà d'une leçon pratique de communication, c'est l'occasion de consommer en prenant plus conscience de ce que l'on achète, et surtout des raisons qui nous motivent à le faire. L'habitude, l'envie de découvrir des choses nouvelles, l'amusement, la culpabilité ou encore l'implication écologique sont des ressorts qu'il est intéressant d'identifier pour consommer de façon plus satisfaisante, mais aussi pour mieux se connaître… à travers le contenu de son caddie ou des flyers qui on retenu notre attention.
En plus de ces considérations quasi-existentielles et peut-être un peu abstraites, mettre en marche son esprit critique pour décrypter les codes visuels des produits que l'on consomme, c'est prendre un peu de temps chaque jour pour renforcer sa culture visuelle et s'approprier des méthodes de communication efficaces sur le public dont vous faites partie. Le choix des couleurs ? Les images utilisées ? Les références culturelles ? Les valeurs mises en avant ? Le ton ? Autant d'éléments que vous pourrez recycler pour avoir une communication optimale.
Qu'est-ce que je ressens en apercevant le produit ou le support de communication ? Est-ce positif ou négatif ? Est-ce que mon ressenti change quand je commence à lire, ou est-il au contraire renforcé ?
Qu'est-ce qui a causé ce sentiment ? La source est-il visuelle ou textuelle ? L'effet est-il causé par une référence extérieure, à un autre produit ou à un élément culturel par exemple ?
Le produit met-il en avant des valeurs qui me sont chères, comme l'écologie, le commerce équitable, le partage, le travail sur soi, la créativité, ou même le fait de se démarquer des autres ?
Qu'est-ce qui est original au niveau de l'univers visuel du produit ? Qu'est-ce qui, à l'opposé, ne surprend absolument pas ? C'est le moment de s'interroger sur les choix de visuels (photographies, dessins, motifs, éléments abstraits…), les typographies (sobres et littéraires, rondes et rigolotes, festives, manuscrites et intimes…), la composition (encombrée et dense ou aérée et légère ?), etc. Pour aller plus loin, on peut même comparer à d'autres marques similaires et réfléchir à la progression de l'image choisie par ce type de produits : les mêmes choix avaient-ils été faits par le passé ? Le produit est-il fait pour s'installer, ou juste pour une période déterminée comme l'été ou Noël ?
Voilà le genre de questions qu'il peut être utile de se poser pour faire faire de l'exercice à son esprit critique même au supermarché ou dans une file d'attente !
Le meilleur moyen de former sa culture visuelle et de se mettre au courant des dernières innovations en matière de graphisme reste de faire preuve de curiosité et de prendre quelques instants chaque jour pour porter un regard critique sur son environnement, que ce soit de façon positive ou négative. Cela vient nourrir notre imaginaire et rend nos supports de communication à la fois plus pertinents et plus percutants. Et quoi de plus simple, de plus ludique et de plus utile que de commencer avec sa propre consommation ?
*Le produit ne m'a pas déçue et l'achat fut tout à fait satisfaisant, si les plus gourmands se posaient la question.